|
|
Une histoire de Préhistoire... Il neige! |
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Auteur : Neander le 17/12/2005 19:46:36
n°26209R0 - Une histoire de PrĂ©histoire... Il neige! |
Bon pour changer de registre je vous ai concocté une histoire de Noël où les rennes se font bouffer... Mais bon c'est de saison et il neige chez moi dans les Vosges!
C'est à ma façon mon histoire de Noël de la préhistoire! L'histoire est une fiction mais les lieux et vestiges auxquels j'ai fait référence existent bien à Mutzig!
Néandertal en période glaciaire à Mutzig, Felsbourg…
Mois d’hiver, décembre, 40 000 av. J.C.
Salut ! Je m’appelle « Harrock » du clan du grand renne blanc qui vole, le « Mjandasj » en langue laponne. Je vais te conter quelques événements qui ont marqué notre tribu cette année…
Imagine le silence. Pas un bruit ne vient rompre le silence d’encre de cette soirée d’hiver. Dans cet espace peu boisé, la neige et le gel sont bien présents depuis 6 mois déjà . La neige tel un grand manteau recouvre le massif au pied duquel j’habite, au sortir du val de Bruche et plus loin, vers la plaine d’Alsace. Les températures très basses peuvent descendre couramment jusqu’à moins 20°C. Dans ce décor insolite, dénudé, balayé par les vents, tout me semble familier : le camp que j’ai choisi pour l’hivernage est ma maison. Je me suis installé au pied du versant sud du Felsbourg, versant d’abri relatif sous la roche gréseuse qui forme escarpements et corniches sous lesquels les miens ont élu domicile. Je suis ici chez moi.
Sur des bruyères sèches que j’ai déposées sur des branchages de petits bouleaux qui s’étendent en litière, j’ai construit ma tente à partir de deux piquets reposant sur la paroi gréseuse, sur lesquels j’ai étendu des peaux de rennes assemblées par des ligaments du même animal et maintenues en pied de tente par des blocs de grès alignés. Parmi tous les camps qui sont les miens au cours des migrations des grands gibiers, celui-là est le principal, je l’habite presque toute l’année, en tous cas pour le moment.
De là ou je suis étendu, seul en cet endroit, entre les peaux de rennes, je vois, par un jour de la tente, toutes les étoiles de la nuit d’hiver. Je vais m’endormir. La dernière chose que je vois avant de m’endormir, c’est une étoile filante qui vient rompre la monotonie du silence hivernal en un bref et sourd murmure. La terre aride et froide de l’hiver, l’hiver long et sombre sont mon pain quotidien.
Printemps, mai, 39 999 av. J.C.
Puis un jour, le beau temps et la douceur apparaissent, c’est la belle saison qui s’annonce. La lumière brûle rapidement les souvenirs des tempêtes d’hiver et des nuits glaciales et redonne vie à toute chose : dans la vallée, la Bruche dégèle, l’inondation généralisée qui s’ensuit recouvre la plaine d’inondation qui s’étend maintenant sur toute la basse vallée. A la fonte des neiges, la vallée de la Bruche n’est plus qu’une suite de marécages de pénétration difficile, d’où émergent par endroits des boqueteaux de bouleaux nains ou peupliers. Les versants proches de la vallée sont recouverts d’épicéas, d’arbustes et graminées. Je vis au cœur de cet univers, chassant pour survivre dans cette étendue hostile et rigoureuse.
La seule chose qui me distingue des autres animaux parmi lesquels je vis, c’est mon rôle au sein du groupe des chasseurs de ma tribu, ma capacité à apprécier et à utiliser la matière brute des roches et galets que je choisis pour leur qualité et leur aptitude à être taillés, que je façonne selon des techniques transmises depuis des générations par mes ancêtres et fabrique des outils taillés variés que je destine à différentes utilisations : casser, couper, racler, trouer... Je vis en équilibre constant et en interrelation avec mon environnement dans cette vallée que j’habite. C’est mon territoire de chasse, borné à une journée de marche de mon domicile. Je m’y approvisionne en roches fines que je destine à l’outillage, galets ramassés au long de la Bruche ou vers les vallons du Nideck et du Netzenbach.
Ma famille a survécu sur cette terre malgré les tempêtes de neige mugissantes des hivers passés, les nuits de gel printanier, l’été souvent frais et pluvieux, l’automne au mauvais temps sombre. J’ai appris où se trouvent les proies que je chasse : mammouth, bison de steppe, aurochs, cheval, renne, mégacéros, cerf élaphe, chevreuil...
Eté, juillet 39 999 av. J.C.
Moi et ma tribu attendions impatiemment, depuis plusieurs jours déjà , la grande migration de printemps des rennes qui rejoignaient les secteurs vosgiens de montagne plus frais. Ils devaient traverser la plaine d’Alsace pour s’aventurer dans la vallée de la Bruche, voie de pénétration majeure vers le massif vosgien. La semaine passée nous avions chassé les mammouths du troupeau qui paissait au débouché de la vallée en plaine, sur la steppe qui regorgeait maintenant de graminées. Nous avions alors isolé un petit mammoutheau que nous avions ensuite dépecé à l’aide de couteaux à dos faits en roches volcaniques vitreuses ramassées au Nideck et taillées au campement du Felsbourg. Nous avions ensuite rapporté les quartiers de viande au camp, à moins d’un kilomètre de notre prise. Depuis, les vivres se font maigres. Parfois, mon clan et moi mourons presque de faim lorsque le gibier se fait rare ; des instants qui s’effacent d’autant plus rapidement que les moments de fête abondent lorsque la chasse aux chevaux sauvages ou rennes est bonne. Lorsque nous tuons plusieurs chevaux, rennes ou bisons, les proies alors plus grosses que le besoin, alimentent le clan qui en vit pendant plusieurs semaines.
Je sais où la vie sauvage se cache et lorsqu’il est temps de changer de camp. Je suis un chasseur nomade qui vit au rythme de la migration des gibiers. « Ils arrivent, ils arrivent, ils s’en viennent ! » clament les guetteurs postés au sommet de l’une des terrasses gréseuses du Felsbourg, faisant promontoire. Le jour de la grande chasse est arrivé ! Les guetteurs ont repéré un troupeau de rennes qui remontait vers la vallée en provenance des coteaux de Dorlisheim. Au campement l’alerte est donnée. Les chasseurs se concertent et les groupes se forment. Quelques hommes et femmes partent en rabatteurs en longeant le Felsbourg vers Mutzig, afin de prendre le troupeau à revers pour l’amener à circuler au plus près des versants à l’est de la vallée, vers le Geisberg où le piège se refermera, là ou nous avons préparé des fosses de capture...
Le troupeau de rennes sauvages est apeuré par les bruits du groupe des rabatteurs, les animaux fuient naturellement vers le passage à gué qui traverse la Bruche près du Geisberg, là ou nous souhaitions qu’ils aillent ! Instinctivement, ils remontent le talus afin de fuir le danger venant par derrière eux. Une puissante, superbe renne femelle et son faon arrivent à découvrir la fosse devant eux, ils parviennent à esquiver, mais ceux qui suivent ne la voient pas.
Dans un bruit de halètements et de cliquetis de cornes, les rennes passent et fuient vers la pente du Drei-Spitze, au dessus du Geisberg. Le deuxième groupe de chasse auquel je participe se révèle alors. Nous sortons de derrière les rochers du Geisberg, depuis un petit promontoire où nous nous tenions et d’où nous observions la scène. Nous nous précipitons alors vers les fosses en hurlant, armes en main : je tiens une lance au bout de laquelle j’ai inséré une pointe Levallois acérée, fichée dans l’arme et collée avec de la sève de bouleau et d’épicéa durcies, d’autres ont des javelots dont la pointe a été durcie au feu, des massues, ou tiennent à deux mains des blocs de grès de plusieurs kilogrammes, de gros galets quartzeux ramassés dans la Bruche. Un fourmillement de rennes pris au piège se débat dans les fosses. Nous les achevons en leur fracassant le crâne. Je pique ma lance entre les pattes de devant d’un grand renne mâle qui s’effondre aussitôt.
La chasse se termine, nous emmenons les bêtes au campement distant de 400 mètres, là nous les écorcherons et découperons. Les peaux serviront à nous habiller et à recouvrir nos tentes. Nous mangeons la viande crue, cuite ou fermentée ; je casse systématiquement les os longs avec un percuteur en roche dure pour en extraire la moelle. La chasse ayant été très bonne, nous faisons sécher des bandes de la chair de plusieurs bêtes en prévision de temps plus durs... Cette chasse fut un événement dont le clan pu se réjouir et festoyer plusieurs jours durant. Lorsque la première lueur du jour me réveille, je poursuis ma marche, javelot en main, en quête de gibiers : lièvres, martres, écureuils ou oiseaux, je suis attentif aux signes qui indiquent leur présence... Ainsi je vivais jadis à Mutzig, aux environs du Felsbourg, au temps des glaciations et des grands pachydermes, des nombreux troupeaux de rennes de la période glaciaire de Würm, au Paléolithique moyen. Ainsi je vivais, il y a de cela maintenant plus de soixante millénaires…
La haut dans le ciel les Ă©toiles scintillent et scintilleront toujours.
Moi et mon clan disparaitront un jour puis on nous oublira durant des millénaires jusqu'au jour ou nous renaitront dans l'esprit de ceux qui voudront nous connaitre à travers les vestiges que nous avons laissé ici bas... La curiosité de l'humanité est éternelle!
NEANDER QUI RACONTE LA VIE DE SON CLAN...
Bonnes fĂŞtes Ă tous! Salut!
|
|
|
Auteur : Michel V. le 17/12/2005 20:23:29
n°26209R1 - Tiens... |
Salut Neander,
C'est une reconstruction du crâne de Tautavel que tu nous montre là ?
a+
Michel
|
|
|
Auteur : Jolibrius le 17/12/2005 21:00:52
n°26209R2 - he ben |
et pour la noel, vous guettiez le saumon dans les fleuves et faisiez rotir le rĂŞne ?
Pouhh dudur la vie du neander (haté), mais au moins pas de problème de carie
|
|
|
Auteur : francis67 le 17/12/2005 21:01:38
n°26209R3 - Neander 2 |
Le retour ! fr
|
|
|
Auteur : moulin le 17/12/2005 21:03:17
n°26209R4 - ... |
Bravo, on s'y croirait...je viens de le lire à mes enfants , et ma fille m'a demandé 'c'est vrai c'est vraiment un homme prhistorique qui a écrit ça?' Merci pour ce retour dans le passé !!!
|
|
|
Auteur : aureus le 17/12/2005 21:07:21
n°26209R5 - Superbe histoire !!! |
|
|
Auteur : Ursus72 le 17/12/2005 21:15:30
n°26209R6 - Yes |
Sympa tout cela Neander.
Allez, une autre ! une autre!!!! une autre !!!!!!!!
|
|
|
Auteur : L indo le 17/12/2005 21:19:33
n°26209R7 - ,,,,,, |
les rennes ...... les pauvres ptites betes.........
et le pere noel alors .....sniff
|
|
|
Auteur : Evelyne le 17/12/2005 21:24:18
n°26209R8 - Conte de l'Ă©volution |
|
|
Auteur : NEANDER le 17/12/2005 21:43:38
n°26209R9 - Harrock |
Bonsoir Ă tous ! je sais pas quoi vous dire...
C'est un essai... une bande dessinée se fera sur ce thème en 2006, sur les néandertaliens de Mutzig.
C'est vrai que pour écrire ce petit récit, je me suis mis dans la peau du bonhomme de l'époque. 6 années de fouilles sur le site m'ont aussi permises de me faire une idée que je crois plausible de la vie de ces gens là ?
Heureusement qu'aujourd'hui, en France on ne mange pas les rennes du père Noël ! Sinon macache pour les cadeaux! Ceci dit j'ai gouté du renne fumé et grillé comme du steak, accompagné de salade de patates chez les Sames de Laponie... et croyez en ma gourmandise ! C'était super bon!
Je vous souhaite les uns les autres Joyeux Noël et Bonne Année
Jag önskar ni varandra God Jul och Gott Nytt År! (en suédois)
NEANDER
|
|
|
Auteur : Michel V. le 17/12/2005 21:59:08
n°26209R10 - Bonsoir Evelyne... |
Je me permets de répondre car le sujet ne m'est pas inconnu non plus.
Selon ce que j'ai lu sur le sujet, l'homme de Néanderthal était hyperspécialisé dans sa sorte. Donc super adapté à plusieurs facteurs ; température, nourriture, conditions de vie etc... Une fois que les conditions climatiques ont changé est apparu une autre forme d'homme : L'Homo Sapiens. L'homme de Néanderthal ne pouvait évolutivement pzrlant, plus faire marche arrière vu son biorytme et son anatomie trop spécialisée et donc il se trouvait pour ainsi dire dépolarisé envers son environnement qui changait ( température et environnement biologique ). C'est encore sans compter les nouveaux venus qui, moins spécialisés, s'adaptaient mieux aux nouvelles circonstances. Ces nouveau venus avaient aussi d'autres techniques de taille des artefacts en pierre et donc ils pouvaient produire des outils plus performants. Cette globalité de facteurs ont bloqués le néandertalien et ont été la cause de sa disparition .
Donc l'Homme de Néanderthal était en perte de vitesse, si on peut s'exprimer ainsi et c'est là que se trouve la base de sa disparition dans nos contrées.
Voilà ce que j'en pense....mais il est fort possible que de nouvelles théories sur le sujet ont remplacés les miennes, qui datent déjà d'un certain temps.
a+
Michel
|
|
|
Auteur : user20 le 17/12/2005 22:00:57
n°26209R11 - La ,ok Th. |
Je te retrouve..
Montre ton vrai visage.
Et pas le mechant Neander que tu n'es pas.
Entrer fracassante,sortie discrete,retour en douceure.
Stop.J'ai du mal a suivre.
Aller a Noel pour une bonne bouteille de cuvee Barbara .
Bonnes fetes a tous.
|
|
|
Auteur : NEANDER le 17/12/2005 23:55:05
n°26209R12 - Michel V |
La tête est une reconstitution virtuelle complète faite par les anglais...
on dirait mĂŞme qu'il a faim! Oups!
|
|
|
Auteur : furax81 le 17/12/2005 23:59:47
n°26209R13 - effectivement... |
...super histoire Neander ! tout a ton image d'ailleurs...un Passionné et un grand spécialiste en la matiere!
tres interessant nos ancétres Néanderthaliens, tu pourras approfondir nos connaissances sur le sujets lors de nos prochaine rencontres.
Un bon Gars le pere NĂ©ander ....
passe de bonnes fetes de fin d' année l' ami et au plaisir...
le pere Furax
|
|
|
Auteur : NEANDER le 18/12/2005 00:05:08
n°26209R14 - La nuit me porte conseil |
Merci Moulin si ta fille y a cru alors je suis heureux!
C'est un beau cadeau de Noël ça! Merci!
Ca aurait pu être, ça a dû être...
La question qui tue d'Evelyne et Michel V....
Il est minuit et je me transforme en dormeur...
Je répondrai demain promis!
Je m'en vais au pays des songes et des mammouths
trouver le repos....A+
NEANDER BIENTOT AU DODO
|
|
|
Auteur : max01 le 18/12/2005 00:24:21
n°26209R15 - pour Michel V |
[20] Bonsoir Michel: je crois qu'il y a eu aussi un probleme de consanguinité, ils n'arrivait plus a ce reproduire je crois qu'ils ont essayer avec l'homo sapiens ,mais cela n'a pas fonctionner donc petit a petit extinction inneluctable.A++++
|
|
|
Auteur : Ursus72 le 18/12/2005 00:42:53
n°26209R16 - Heu |
c'est une véritable certitude ? les Néandertaliens ont disparu sans apport génétique à l'homo sapiens sapiens ???
|
|
|
Auteur : Djedj le 18/12/2005 07:13:16
n°26209R17 - Bonjour Neander, |
|
|
Auteur : gypaete le 18/12/2005 10:21:17
n°26209R18 - age??? |
salut a toutes et tous
juste une petite question NEANDER : as t'on éstimé quelle était la durée de vie d'un homme a cette époque ???
merci pour cette histoire , continues
|
|
|
Auteur : NEANDER le 18/12/2005 12:12:06
n°26209R19 - RĂ©ponses |
Max01: pour la consanguinité on ne peut rien dire vu qu'on n'a pas pu comparer le sang des néandertaliens entre eux...? C'est seulement une hypothèse...?
Ursus72 : c'est vrai il n'y a pas eu croisement ni descendance entre les deux espèces. On a pu montrer il y a quelques années en retrouvant des os en bon étant de conservation en grotte (en roumanie je crois?) et en analysant le collagène qu'ils contenaient encore qu'ils s'agissaient bien de néandertaliens. On a aussi pu étudier l'Adn de ces hommes et déterminer qu'il est foncièrement différent du notre. Il n'y a donc pas eu transmission générique. Pas de croisements. C'est la raison pour laquelle on a changé la classification pour passer de 'Homo sapiens neandertalensis' à 'Homo neandertalensis'. On fait donc de Néandertal non plus une sous espèce de l'Homme c-a-d notre ancêtre, mais une espèce humaine cousine et séparée de l'Homme. Ce qui est plus juste!
Djedj : Oui c'est aussi une histoire de néandertaliens autour de la grotte du clan! Il existe d'ailleurs le film : 'le clan de la caverne des ours', j'aimerais le retrouver, mais il est rare!
gypaete : la durée de vie moyenne était de 30 à 35 ans ! Climat périglaciaire froid avec sans doute maladies pulmonaires, hygiène inexistante, rages de dents, blessures, prédateurs (ours, hyène, lion)...
On connait à la grotte de Shanidar en Irak un homme qui a été inhumé et dont on a estimé l'âge à 60 ans...mais c'est un cas unique pour le moment.
|
|
|
|
|
|
Retour à la liste complète
|
|
|
|
|
|
REPONDRE A CETTE DISCUSSION |
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|